CENTRAFRIQUE: LA DEVISE CENTRAFRICAINE FONDE-T-ELLE ENCORE LA REPUBLIQUE?

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Trois (3) mots qui ont été chers à BOGANDA et qui ont fondé toute sa philosophie ou sa vision politique de 1946 à 1959, sont aujourd’hui vidés de toute leur substance ou quintessence ou encore valeur, parce que galvaudés depuis 1960 par ses successeurs. La devise d’un pays ou d’une nation constitue le parfait reflet ou le concentré de la volonté ou de la vision politique du ou des pères fondateurs de cette République ou de cette Nation et qui veulent faire de cette République ou Nation une terre promise pour leurs compatriotes, c’est à dire, un lieu du bon et bien vivre, organisé sur la base des valeurs de partage, de solidarité complémentaire, de justice, d’équité, de proximité et de laïcité.

UNITE-DIGNITE-TRAVAIL, une devise vocationnelle conçue dans l’optique d’une imbrication, d’une implication, d’une participation, d’une adhésion collective, d’un humanisme et d’un entreprenariat. Et seul le ou les initiateurs, les fondateurs ou les concepteurs d’une si ambitieuse vision politique pouvaient impulser les dynamiques ou les significatives actions de départ qui s’imposent; mais la mort voulue de BOGANDA, le 29 mars 1959, juste quatre (4) mois après la proclamation de la République Centrafricaine-RCA le 1er Décembre 1958, a sonné le glas de cette jeune République, portion incongrue de cette grande République Centrafricaine, dont il rêvait; ses successeurs, ne partageant pas la même vision, ne pouvaient avoir les mêmes compréhension et lecture socio-politiques de ces trois (3) mots, lesquels ont été durant les soixante cinq (65) ans d’indépendance octroyée, progressivement et totalement vidés de leur substance, si bien que la République en 2023 n’est que l’ombre d’elle-même, ce que nous allons essayer de nous en convaincre, de manière partagée à travers les quelques paragraphes qui suivent.

1-: POURQUOI PARLER D’UNITE SI LE VIVRE ENSEMBLE EST POLITIQUEMENT DECONSTRUIT ?

1-1-: La vision unitaire galvaudée: BOGANDA Barthélémy, premier abbé oubanguien, premier député représentant le territoire de l’Oubangui Chari à l’assemblée nationale française de 1946 à 1959, gouverneur de l’Afrique Equatoriale Française-AEF et interpellateur du Général DE GAULE à Brazzaville et à Bangui, a eu comme seul tort d’ avoir vite compris que l’indépendance proposée dans le cadre de la communauté française de 1958, était un cadeau empoisonné et qu’aucune des quatre (4) colonies de l’AEF, qui avaient été abandonnées aux ambitions démesurées des sociétés concessionnaires, ne pouvait être viable en tant qu’Etat indépendant. Il a envisagé une République Centrafricaine-RCA, composée dans un premier temps des quatre (4) anciennes colonies françaises, laquelle sera étendue progressivement aux autres colonies de l’Afrique centrale au fur et à mesure de leur accession respective à l’indépendance, notamment les colonies du Cameroun, de la Guinée Equatoriale et du Congo Belge, après négociations. Mais pour question d’orgueil et de fierté personnels, ses pairs leaders politiques de l’AEF, MBA Léon du Gabon, TOMBALBAYE François du Tchad et YOULOU Fulbert du Congo Brazzaville n’ont pas adhéré à sa vision unitaire et fédérale, et la mort dans l’âme, il a donné le nom de la République Centrafricaine-RCA au territoire de l’Oubangui Chari, espace géographique de 623 384 km². Mais les dures réalités socio-politiques d’après indépendance s’imposant, les Chefs d’Etat de ces jeunes Républiques vont accepter d’appliquer autrement la vision de BOGANDA par la création de l’Union Douanière et Economique de l’Afrique Centrale-UDEAC, en 1964, laquelle UDEAC va muer plusieurs années après en Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale-CEMAC.

Cette vision unitaire s’imposait parce que l’espace géographique composé du Tchad, de l’Oubangui Chari, du Gabon et du Congo Brazzaville, avait souffert des pillages économiques, de l’esclavage et des exploitations capitalistes de 1454 à 1960, ,année de pseudo indépendance. Et les mots, UNITE-DIGNITE-TRAVAIL, politiquement choisis par BOGANDA et se voulant fédérateurs, ont été galvaudés par ses successeurs politiques centrafricains. Du Prédisent DACKO au Président TOUADERA, en passant par les Présidents BOKASSA Jean Bedel, KOLINGBA André, PATASSE Félix Ange, BOZIZE YANGOUVONDA François, NDJOTODIA Michel, NGUENDET Ferdinand l’intérimaire et SAMBA PANZA Catherine, la chancelante, l’unité nationale a été mise à rudes épreuves à cause des actes, faits et comportements, attitudes et vulgarités politiques. Au lieu d’unir davantage le Peuple Centrafricain, celui-ci a été désuni, voire transformé en mosaïques communautaristes à cause de criardes exclusions, discriminations, diffamations, déshonneurs, discrédits, irrespects et indignités sibylline ment entretenus par les classes politiques successives.

Des désignations péjoratives et exclusives telles,  »… savaniers, riverains, forestiers, nordistes…’‘ ont été des qualificatifs-subjectifs employés selon les régimes politiques en place pour désigner certains compatriotes supposés opposants politiques, ou  »… c’est mon régime politique, c’est notre tour, c’est mon pouvoir ou c’est notre pouvoir… », ont été des formules de manifestations ethnique et régionaliste d’appartenance ou d’adhésion à un régime politique donné; termes et expressions qui ont induit des clivages ou exclusions. Avec le régime du Président KOLINGBA,  » E gbou ngangou’‘, avec celui du Président PATASSE,  »patassiste’‘, avec celui du Président BOZIZE YANGOUVONDA, ‘‘libérateur ou boziziste’‘, avec celui de TOUADERA, fatiste ou touaderateur ». Ainsi, discriminer, diffamer, insulter, manquer du respect sont entrés dans la nature politique en Centrafrique, des négativités destructrices de la symbiose nationale que BOGANDA avait à peine commencée à organiser.

Les nominations aux fonctions, notamment politiques, ne se font pas sur la base des critères de compétences, mais souvent dictées par les cercles familiaux, parentaux, partisans, ethniques, ,régionalistes, sociétés secrètes, parce qu’il faut préserver ou conserver le pouvoir. Tous les régimes politiques qui se sont succédés à Bangui ont recouru à,ces négativités, avec cette singularité, la constitution de sous cercles ou cercles restreints dits ‘‘parents pur sang du Président »,  »les compagnons de longue date ou de lutte »,  »les amis du Président », les  »fidèles du Président »,  » les mieux écoutés par le Président ». Et ces différents clivages se répercutent au niveau des différents Services Publics. Le principal Responsable politique ou administratif, cherche toujours à s’entourer des siens: parents, amis fidèles, collègues pour des soutiens et conservation du pouvoir, quelles que soient les dérives ou la mal gouvernance, donc soutien aveugle.

1-2-: Les exploitations politiciennes des exclusions: A cause de ces négativités sus évoquées, des régions se trouvent réellement exclues de la vie publique nationale selon les régimes politiques qui se sont succédés à Bangui, d’où les grognes, les frondes, qui à la longue, se sont transformées en rébellions, savamment exploitées par les marchands de l’instabilité politique qui en ont fait leur fonds de commerce politique et diplomatique. Les mutineries de 1996 étaient de véritables tentatives de coup d’Etat que les nostalgiques du régime KOLINGBA, malgré les appuis apportés par des ramifications extérieures, n’ont pu être transformées en essais. La deuxième crise BOZIZE de 2001-2003, n’était autre chose que la conséquence de la féroce lutte d’influence et de positionnement au sommet du régime politique du Mouvement de Libération du Peuple Centrafricain-MLPC. A l’origine, une fiche mensongère remise au Président PATASSE par l’un de ceux qui se disaient  »les mieux écoutés » et le refus de confrontation demandée pour clarification, de peur de provoquer une implosion interne, a abouti à la chute du premier Président démocratiquement élu en 1993.

Ce mal s’est complexifié à partir de 2012-2013 par (1) la prise des pouvoirs de l’Etat, le 24 mars 2013, à Bangui par la coalition seleka, dont la majorité des acteurs étaient de la confession musulmane, ce qui a induit dilatoirement une confusion faussement voulue et la radicalisation confessionnelle des Centrafricains, musulmans/chrétiens et (2) depuis 2016, par l’insécurité d’Etat, le terrorisme d’Etat, le mercenariat d’Etat, la mafia d’Etat et le racket d’Etat érigés en méthodes de gestion des pouvoirs du Peuple Centrafricain usurpés, dont les ignobles faits sont et demeurent les tueries-calcinations de masse, les ethnocides, les génocides qui ont provoqué des replis identitaires ou communautaristes.

Re créer l’unité nationale se veut à partir de maintenant et désormais un défi politique ou une mission d’objectif parce qu’il faut (1) redonner confiance au Centrafricain, (2) réconcilier le Peuple Centrafricain avec lui-même, en réparant le mal subi et en instaurant une solidarité, (3) pratiquer la bonne gouvernance politique, sociale et économique, (4) redistribuer aussi équitablement les richesses nationales et (5) affirmer et consacrer les droits humains pour re consacrer la sacralité de la personne humaine. Et ces ambitieux et audacieux objectifs ne peuvent se concrétiser, que si au préalable il y a une sincère et inclusive concertation citoyenne, avec adoption d’un schéma politique consensuel pour l’instauration d’un nouvel ordre constitutionnel et démocratique devant permettre au Peuple Centrafricain de se relever politiquement, se refonder socialement et se construire économiquement.

2-: POURQUOI PARLER DE DIGNITE, SI LE CENTRAFRICAIN NE CESSE D’ÊTRE DESHUMANISE ?

2-1-: Les bestialisassions de l’Oubanguien: Dignité a été le deuxième mot cher que BOGANDA a inscrit dans la devise centrafricaine. Prématurément orphelin, par fait des agents coloniaux des sociétés concessionnaires, BOGANDA a été victime et témoin oculaire et exacerbé des affres de la colonisation, et par le mot DIGNITE, il voulait faire reconnaître à l’Oubanguien son statut naturel d’être humain, conformément à l’éthique UBUNTU, parce que les pratiques coloniales ont déshumanisé ou bestialisé, par,

  • La collecte des richesses naturelles:  le territoire de l’Oubangui Chari a été partagé par une série de décrets entre 27 sociétés concessionnaires ou concessions, dont les agents qui sont pour la plupart des repris de justice ou des mercenaires sans foi ni loi, recourent à des pratiques déshumanisantes:  »… tous les produits naturels de la concession (essentiellement le caoutchouc naturel, les diamants et or des lits des cours d’eau) appartiennent de droit au concessionnaire qui ne rétribue les récolteurs que pour le temps censé avoir été utilisé pour cette collecte. La rétribution leur était versée, en outre, en marchandises de traite, sur lesquelles le concessionnaire réalisait de profits considérables » (cf Notes Documentaires Françaises n° 3833-3834, Paris, 1971);
  • Les transports: La force motrice à l’époque était les bras au plan transports de surface (pistes et cours d’eau). Pour ces transports; il fallait des milliers de pairs de bras, c’est à dire, de valides oubanguiens qui, une fois arrivés à destination sont abandonnés à eux-mêmes et levées de nouveaux bras. Les Oubanguiens étaient transformés en bêtes de trait, qu’on ne veut plus garder une fois le travail terminé. Ceux qui succombaient durant le trajet, leurs corps sont abandonnés dans la nature et leurs bagages répartis entre les autres porteurs . La métropole, alertée pour ces ignobles pratiques, avait donné mission à SAVORGNAN de BRAZZA pour constat dans les deux territoires du Congo Brazzaville et de ‘Oubangui Chari. Ce dernier, ayant trouvé la mort à Dakar au retour, certainement empoisonné par de véreux concessionnaires, n’a pu rendre compte verbalement de sa mission; mais toutefois, ses carnets de route ont fait l’objet de débat parlementaire en 1906, à l’issu duquel aucune instruction ni mesure n’a été prise, pour taire les horreurs relevées et évoquées dans ces carnets de route. La persistance de ces exactions ont été cause de soulèvements des Oubanguiens de 1909 à 1911, et il a fallu des troupes coloniales venues de l’Afrique de l’Ouest pour reconquérir le territoire de l’Oubangui Chari, village par village, vallée par vallée, laquelle reconquête a été très sanglante et a duré jusqu’en 1927; et cette sanglante reconquête a été dénoncée par GIDE André dans son ouvrage intitulé  »Voyage au Congo ».
  • Par le travail forcé: Malgré les nombreuses pertes de valides Oubanguiens, la colonie continuera fortement d’être sollicitée en bras, par des prélèvements forcés au niveau des ethnies Banda, Gbaya, Mboum (Karé, Talley, Pana), Sara (Kaba…) pour la construction du chemin de fer Congo-Océan (de Brazzaville à Pointe Noire) en territoire congolais sur une distance de 650 km. Ces prélèvements forcés de bras, souvent réalisés dans d’ignobles conditions, ont donné lieu à la guerre de Kongo Ouara, déclenchée par KARINOU, enfant de Naïne, village avant la montée de Garga, dans la Sous-Préfecture de Baboua, Préfecture de la Nana Mambéré. Deuxième véritable guerre coloniale qui a duré de 1928 à 1931. Des têtes coupées, empalées ou embrochées et plantées devant les maisons des Chefs de villages, des corps démembrés et abandonnés aux vautours, avec interdictions faites aux parents de pleurer ou de les enterrer. Les mêmes sauvageries ont été appliquées au Kamerun (Cameroun) lors de soulèvements des Douala, des Bassa ou organisés par l’Union du Peuple du Cameroun-UPC.

2-2-: DIGNITE pour consacrer la sacralité de la personne humaine: Le mot DIGNITE choisi par BOGANDA a une forte connotation divine et reflète sa volonté de faire re entrer l’Oubanguien dans sa destinée divine, dans sa sacralité; la personne humaine, créature de DIEU est sacrée; une sacralité affirmée et consacrée par deux éthiques régulant la vie sociale ante coloniale en Afrique: (1) l’éthique MANDE proclamée en 1222 par les chasseurs Mandingue du Mali et qui fut la première déclaration des Droits de l’Homme, reprise sous la Charte de MANDEN, proclamée à Kouroukan Fouga au Mali en 1236,  »Une vie est une vie »,  »Une vie n’est pas plus ancienne qu’une autre vie, de même qu’une vie n’est pas supérieure à une autre vie » (première des sept paroles fortes, proclamées en 1222 et constituant le préambule de la Charte) et (2) l’éthique UBUNTU, qui est une vision africaine du monde, des peuples bantou et swahili de l’Afrique centrale et orientale, selon laquelle  »une personne est une personne à travers d’autres personnes », ou  » … si nous sommes humains par le biais des autres, alors en privant les autres d’humanité, nous nous déshumanisons également, d’où la nécessité de promouvoir les droits d’autrui, de donner et de recevoir le pardon et de respecter les droits de l’homme des autres ». Par ces deux éthiques, nous constatons toute l’importance de l’être humain dont l’une des caractéristiques est la DIGNITE si chère à BOGANDA, parce que  »la DIGNITE de la personne humaine est le principe selon lequel une personne ne doit jamais être traitée comme un objet ou comme un moyen, mais comme une entité intrinsèque. Elle mérite un respect inconditionnel, indépendamment de son âge, de son sexe, de son état de santé physique ou mentale, de sa condition sociale, de sa religion ou de son origine ethnique. » PHILOSOPHIE UBUNTU des Peuples de l’Afrique du Centre et de l’Est.

Les successeurs de BOGANDA avaient-ils ou ont-ils compris toute la quintessence du mot DIGNITE choisi par BOGANDA? Soit ils ne l’ont pas compris, soit ils ont été de mauvaise foi, et ont refusé de comprendre, parce que préoccupés par autre chose que le sort de leurs semblables. Et les faits et actes de tous les dirigeants politiques, élus ou non élus, qui ont eu à gouverner ce pays appelé République Centrafricaine ou Centrafrique ont confirmé que le sort du Peuple Centrafricain ne constitue aucunement leur préoccupation, sinon, comment comprendre, qu’après la pseudo indépendance octroyée par la puissance colonisatrice, que ce peuple puisse devenir un peuple d’exilés ou de réfugiés chez lui et ignorant les progrès de la science, parce que:

  • faute de poste de santé, de dispensaire, de pharmacie, le malade centrafricain survit grâce aux plantes médicinales,
  • faute de maternité, les accouchements se font à domicile avec l’assistance des matrones qui sont bien limitées en cas de complications,
  • faute d’écoles, d’enseignants ou de tables-bancs, le petit Centrafricain de l’arrière pays n’est pas scolarisé en ce décembre 2023, et les quelques enfants chanceux de Bangui s’assoient à même le sol ou sur des briques pour recevoir les enseignements, dans des salles de classe bondées (100 à 200 écoliers),
  • faute d’eau potable, l’estomac du Centrafricain est le laboratoire de multiplication des parasites intestinaux qui sont déjà éradiqués dans d’autres pays d’Afrique,
  • faute d’électricité, le Centrafricain ignore toujours les nouvelles technologies.

Les valeurs ancestrales, à travers les éducations traditionnelles Gaza, Ngakola, Labi, ndoyo, Gonn Bana, Soumalé…, nous ont enseigné la sacralité de la personne humaine. Dans les différentes constitutions de la République, cette sacralité a été toujours et chaque fois proclamée et réaffirmée, mais les pratiques sous tous les différents régimes successifs relèvent le Centrafricain au rang de bailleur-serviteur du monarque, sans considération aucune et le maintiennent politiquement et volontairement dans l’ignorance pour l’asservir et piller la République.

3-: POURQUOI PARLER DE TRAVAIL, SI LE TRAVAIL N’EST PAS ORGANISE ET AFFERMI ?

3-1: La dégénérescence du travail: Le travail forcé durant la période coloniale a disloqué les structures sociales et familiales, a fait des ilots ethniques loin des terres ancestrales, a fait perdre les reflexes de la vie en communauté, si bien que l’Oubanguien devenu Centrafricain n’a pas de repères, alors qu’il doit s’affirmer par le travail, selon l’exhortation de BOGANDA qui a sonné comme un appel à se transcender ou appel à la résilience, malgré les faiblesses structurelles et les insuffisances de l’époque: ‘‘ Il nous faut sauver le pays, mes frères et soeurs, il nous faut sauver nos enfants, il faut nous nourrir sainement, nous habiller, nous loger dignement, nous soigner, nous instruire et défendre nos intérêts ». Cette exhortation résume les missions d’objectifs que BOGANDA s’est assigné dans l’intérêt de ses compatriotes. Mais, au lieu de sauver le pays par le travail, ses successeurs ont contribué à le détruire pour des intérêts autres que ceux du Peuple Centrafricain. Au lieu de sauver le pays par le travail, ses successeurs ont fait perdre au Centrafricain le goût du travail, d’où sa dégénérescence.

Avant l’avènement de la coalition seleka, les agents de l’Etat restaient en leurs lieux de travail au moins 6/8 heures par jour. Mais depuis avril 2013, ces agents restent péniblement 3-4/8 heures avec une qualité de travail de plus en plus dégradée ou médiocre et surtout avec un certain refus ou mauvaise volonté de bien faire pour diverses raisons. Le constat évoqué ci-dessous nous édifie.        La finalité première de toute action politique réside dans l’amélioration du cadre de vie en société, et le bénéficiaire final de toute action politique est le citoyen, qui est aussi acteur, parce qu’il participe à la mise en oeuvre de cette action politique par son travail, dont le volume et la qualité permettent d’obtenir plus ou moins les résultats recherchés; c’est pour dire que le citoyen participe à la création et à l’amélioration de son cadre de vie. Mais depuis l’avènement de la énième crise militaro-politique de 2012-2013, le constat fait ressortir que l’effectivité du travail est très faible, parce que les agents de l’Etat des précédents régimes politiques se consacrent de moins en moins au travail et ceux qui se disent appartenant au régime en place, recrutés de tous bords et manquant de professionnalisme n’arrivent pas à faire correctement le travail, même si en présentiel il n’y a rien à leur reprocher; ainsi, il y a toujours deux (2) catégories d’agents de l’Etat en place; d’un côté les partisans dudit régime ou les  » c’est notre régime » et les non partisans du régime ou les  »ce n’est pas notre régime » qui adoptent des comportements de sauvegarde ou de boycotte et qui se guettent mutuellement. Cette négativité est très accentuée depuis 2016 avec les pratiques de corruption passives, par les petites phrases  » bi ye na ya ti sembe si’‘ (mettre quelque chose dans l’assiette) ou  »za téné na ndo ti mbeti ni si » (mettre un caillou sur le dossier), ou encore  »mbéti ni a ourou awè » (le dossier s’est envolé) encore et encore  » I kè tè mbéti apè » (nous ne mangeons pas du papier), et pour être exigeant  »tu n’as pas suivi le dossier »,  »il n’y a plus de papier pour faire la frappe » ou il n’y a plus d’encre pour imprimer », ce qui parfois est réel, mais souvent, abusivement dit pour exiger de manière sibylline des billets de fcfa. Le Centrafricain lambda se voit contraint malgré lui de débourser quand le dossier ou le courrier nécessite un traitement urgent. Ces pratiques instaurent la corruption dans toute l’administration publique centrafricaine et à tous les niveaux et elles se sont complexifiées avec le régime TOUADERA à cause de la modicité des rémunérations dans le secteur public, ce qui a tué ainsi l’esprit de travail.

C’est pour dire que les  »ce n’est pas notre régime » ne sont à leurs lieux de travail que pour faire acte de présence et leur nombre, ces derniers mois de 2023, est grossi par certains des  » c’est notre régime », impatients ou qui ont réalisé qu’ils ne bénéficient pas assez ou pas du tout du régime; et qui par vengeance n’hésitent pas à mettre en difficultés les Responsables politiques et administratifs parachutés qui n’ont que leur autorité pour s’imposer, ce qui souvent détériore les relations de travail. En fonction de ces deux catégories, le temps consacré au travail effectif est très faible, faible ou moyen, avec cette variante que seuls les avantages ou profits immédiats ou ponctuels peuvent faire rester longtemps les agents de l’Etat à leurs lieux de travail. Cette faiblesse de travail, nous allons la constater aussi par l’importance des jours de repos et fériés payés ou non payés en Centrafrique:                                      

  • :L’importance des jours de repos légaux:
    • week-end de repos: 53 samedis et 53 dimanches        =     106 jours
    • Jours fériés, chômés, payés ou non payés:                                  
      • jour de l’an                           1 jour
      • commémoration du décès de BOGANDA le 29 mars         1 jour
      • lundi de Pâques                         1 jour
      • Fête de travail du 1er Mai                     1 jour
      • Fête de l’Ascension                       1 jour
      • Fête de la Pentecôte                       1 jour
      • Fête de RAMADAN                       1 jour
      • Fête de TABASKI ou Mouton                   1 jour
      • Fête de la Proclamation de la République du 13 Août         1 jour
      • Fête de l’Assomption du 15 Août                  1 jour
      • Fête de Toussaint – 1er Novembre                 1 jour
      • Fête de la Proclamation de la République – 1er Décembre       1 jour
      • Fête de Noël – 25 Décembre                   1 jour
      • Fête du Nouvel An                        1 jour  soit un total de 14 jours   
      • Estimation annuelle de la mobilisation des Membres du                    
      • Gouvernement pour les cérémonies officielles, induisant                         
      • ipso facto des absences du personnel en leurs lieux de travail                     (poses de la première pierre et inaugurations officielles diverses,                    anniversaire du monarque, journées de prière et autres…)       10 jours  
      • Estimation de la faiblesse du travail pour présence irrégulière                       aux lieux de travail, à raison de 3-4 heures              40 jours               Ainsi, la faiblesse du travail au niveau de l’administration publique,                  globalement est estimée à : 106 + 14 + 10 + 40,  soit 170 jours non travaillés dans l’année, à Bang

3-2: L’insécurité comme cause de faiblesse de travail en province:

  • Au niveau du secteur public: Pour question d’insécurité, depuis les années 80, à cause des phénomènes des Zaraguina (coupeurs de route) et des Mbororo (Peulh) armés, les agents de l’Etat ont trouvé prétexte pour ne pas rester aux lieux de leur affectation en province. Le temps d’aller prendre leurs certificats de prise de service, ils reviennent aussitôt à Bangui pour se mettre à l’abri. Cette absence des agents de l’Etat a pris de l’importance avec les retards de salaires qui se paient dans les banques qui n’ont pas d’agences en province. Arguant aller percevoir au Trésor public ou retirer d’une banque son salaire, l’agent trouve tous les arguments pour ne pas repartir en son lieu de travail en province. Des absences prolongées qui sont devenues la règle et les présences aux lieux de travail des exceptions.
  • Au niveau du monde rural. Les groupes armés qui ont écumé ou continuent de faire de l’insécurité leurs moyens de rackets ou de se procurer de l’argent facile, empêchent les agriculteurs et les éleveurs de se livrer à leurs activités de production, si bien que, faute de ces productions agricoles, la crise alimentaire, préoccupante en 2021, est devenue très alarmante, voire, aigue en 2023. En effet, selon les résultats préliminaires de l’Analyse de l’Insécurité Alimentaire Aiguë de l’IPC, réalisée en 2021-2022,  » la situation de la sécurité alimentaire en RCA demeure inquiétante à la suite de la détérioration de la sécurité et la recrudescence des violences armées dans plusieurs régions du pays ainsi que des difficultés d’accès qui ont conduit à une importante détérioration des moyens d’existence, la perte du pouvoir d’achat et la paupérisation croissante de la population ainsi l’adoption des mécanismes négatifs de survie. En septembre 2021, 67 Sous-Préfectures sur les 71 que compte le pays ont été analysées, auxquelles s’ajoute la ville de Bangui. Pour la période courante de septembre 2021 à mars 2022, 9 Sous-Préfectures sont classées en phase 4 de l’IPC (urgence) et 59 autres en phase 3 de l’IPC (crise). Sur 4,9 millions de personnes vivant dans les Sous-Préfectures analysées, 2,1 millions, soit 43 % de la population totale analysée, font face à une insécurité alimentaire aiguë élevée étant classifiée en phase 3 et plus de l’IPC parmi lesquelles environ 620000 personnes sont en phase 4 de l’IPC (urgence). Concernant la période projetée (avril à août 2022), 20 Sous-Préfectures ont été classifiées en phase 4 de l’IPC (urgence) et 10 autres en phase 3 (crise). Environ, 2,4 millions de personnes, soit 49 % de la population analysée, feront face à un niveau élevé d’insécurité alimentaire aiguë (phase 3 ou plus de l’IPC) parmi lesquelles environ 689 000 personnes seront en phase 4 (urgence). cf – RCA- ANALYSE DE L’INSECURITE ALIMENTAIRE AIGUË DE L’IPC – 2021-2022

Cette crise alimentaire, pressentie et annoncée par beaucoup de Leaders Politiques centrafricains en 2014-2015 et effective en 2021, est la principale conséquence de la dépossession des agriculteurs centrafricains de leurs moyens de production en 2001, 2002, 2003 (crise BOZIZE) et 2012-2013 (crise seleka), de leur permanent empêchement, par les coupeurs de route et hommes armés, de se livrer à leurs activités agricoles, et surtout par les éleveurs armés, venus de l’étranger, qui font paître leurs bêtes dans leurs plantations, et des déplacements forcés qui leurs sont imposés par les mercenaires russes depuis 2018 pour exploiter les gisements miniers de leurs terres ancestrales. Fait encore plus sidérant, pendant que la population connaît une crise alimentaire de plus en plus aiguë, les Autorités Politiques de Bangui se comportent en adolescents en phase de puberté prématurée, sur fond d’une indécente et insolente insouciance dont les faits caractéristiques sont les scandales financiers, les dénis des responsabilités régaliennes et la mafia au sommet de l’Etat.

4-: REDONNER UN SENS POLITIQUE FORT A LA DEVISE CENTRAFRICAINE POUR REFONDER LA REPUBLIQUE

4-1: Enproclamant et en consacrant les Droits Humains: A travers les quelques faits, actes, comportements, attitudes sus évoqués nous réalisons que l’espace oubanguien devenu centrafricain n’a été qu’une zone de succession de phénomènes destructeurs qui impactent la coexistence sociale, parce que cet espace a été organisé à dessein pour des pillages, enrichissements exclusifs, si bien que le Peuple Centrafricain, en cette année 2023 très désabusé, est devenu résilient et espère avoir un libérateur qui lui apporterait les possibles alternatives à ses multiples préoccupations, notamment son respect en tant qu’être humain, superbement ignorées par les Autorités Politiques actuelles, lesquelles, depuis 2018, ne sont plus que des acteurs politiques de façade, avec des attitudes et des comportements des plus versatiles et convaincantes, démontrant au quotidien qu’elles ne maîtrisent et ne contrôlent rien, à cause de leur soumission de fait à leurs protecteurs devenus leurs maîtres, les mercenaires russes et rwandais qui se comportent en vainqueurs en terre conquise. Une telle posture politique est incompatible avec la détermination du Peuple Centrafricain qui commence à réaliser qu’à travers leurs mensonges d’Etat permanents, les Autorités Politiques Centrafricaines se livrent à des fuites en avant et le maintiennent politiquement et volontairement dans le flou politique, l’ignorance et la méconnaissance, parce qu’elles sont réellement impuissantes.

4-2: En cessant de mentir au Centrafricain: L’ignorance a cette conséquence d’engendrer soit le doute soit la peur, soit les deux à la fois; doute et peur engendrent le repli sur soi-même, souvent ethnique,, régionaliste ou communautariste; et le repli sur soi induit toujours des négativités destructrices. Et ce stade de repli sur soi ethnique, régionaliste ou communautariste est largement atteint avec les tueries-calcinations de masse, les assassinats ciblés, les terrorismes d’Etat, les ethnocides particulièrement des Banda et Gbaya de Bossangoa , le génocide des compatriotes de confession musulmane, l’insolente insouciance des autorités politiques qui ont organisé une soirée de gala, dans la salle des fêtes du Palais du Peuple, pour l’anniversaire de la société Global Investment Trading, animée par le mélomane KOFFI OLOMIDE, au cours de laquelle elles se sont livrées à une concurrence du plus fort claquage de craquants billets de 10 000 fcfa. Le Sieur SARANDJI, Président de l’Assemblée Nationale, s’est permis le luxe de claquer 300 billets craquants de 10 000 fcf, alors que ce même samedi, 13 novembre 2021, jour de leur soirée de gala, les enfants malades de l’unique pédiatrie de la République installée à Bangui connaissaient la disette et manquaient d’oxygène et d’électricité, certainement avec des décès qui ont dû être cachés. De quoi faire monter le sang au cerveau.                                                            

Pour compléter ce tableau de sidération, nous évoquons la lettre que le Directeur de la maison russe à Bangui a adressée directement, sans protocole ou procédure diplomatique, au Ministère de l’Urbanisme, de la Réforme Foncière, de la Ville et de l’Habitat, véritable directive-instruction pour un espace déjà retenu par cette maison russe pour l’implantation d’un monument commémoratif en l’honneur des mercenaires russes tués par les éléments de la Coalition des Patriotes pour le Changement-CPC. Et le cabinet du Ministre, acquiesçant ce choix, a directement répondu à la maison russe, sans au préalable informer le Gouvernement. Ceci ne pourrait étonner parce que les mercenaires russes se comportent en maîtres à Bangui; pour preuve, l’Ambassadeur de la Fédération de la Russie, le Sieur TITTERENKO a eu ) superviser durant des mois le Conseil des Ministres à Bangui, du jamais vu dans l’histoire diplomatique.                 C’est pour dire que l’overdose de la colère est atteinte et l’atmosphère politique, de délétère est devenue électrique en ce décembre 2023, notamment avec l’arrestation du Député de la Nation, l’honorable YANDOKA Dominique, qui risque l’élimination physique, selon le message qu’un dignitaire du MCU, que nous soupçonnons être NGOUANDJIKA Fidèle, le beau-père de TOUADERA a envoyé à son frère aîné, que nous transcrivons tel quel.             

 » Aubin, cher grand frère je te connais depuis le temps de crédit mutuel en face de pharmacie Yarlé de boy rabe. Tu sais très bien ce que nous avons vécu dans ce pays et en particulier dans le 4ème arrondissement, ton cher petit frère Dominique veut jouer les apprentis sorcier en se laissant manipuler par les vieux dinosaures de la politique centrafricaine, il faut lui dire qu’on ne va pas hésiter à le sacrifier pour donner une bonne leçon à ses manipulateurs.                                                             Je te pose une question: pourquoi n’ont-ils pas décidés de prendre le même avion pour descendre à bangui avec ton petit frère ?  »

La colère couve et la moindre étincelle pourrait provoquer un véritable brasier, et la seule alternative qui demeure, est une concertation citoyenne ou lé départ d’une manière ou d’une autre de l’illégal et l’illégitime Président TOUADERA, alternative que les mercenaires russes, maîtres de TOUADERA, n’acceptent pas, parce que, quelle que soit la formule adoptée de cette alternative, cela sera synonyme de la fin de leurs pillages économiques de Centrafrique. Mais la chute de TOUADERA n’est que retardée, parce qu’elle est inévitable, depuis la promulgation le 30 août 2023 de la constitution élaborée par les mercenaires russes et la traduite en français par les mafieux camerounais, une couleuvre que le Peuple Centrafricain tout entier refuse d’avaler depuis cette date. Ce n’est plus que question de temps.

Attendons de voir.                                                                    

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