LES HAUTES VALEURS MORALES DE L’AFRIQUE POLITICIENNEMENT IGNOREES POUR QUESTIONS D’INTERÊTS ECONOMIQUES

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LES PHILOSOPHIES UBUNTU ET MANDEN, ADAPTATIONS DE LA MAÂT DE L’EGYPTE ANTIQUE

Lord MACAULAY, défunt ancien Premier Ministre de son royaume, tout en réduisant, l’Afrique, un continent, aux dimensions d’un Etat ou d’une Nation, a cependant reconnu, chose rare d’un suprématiste blanc européen, que les habitants de ce pays ou nation étaient « …des personnes avec des hautes valeurs morales… » qui ne pouvaient pas être aussi facilement conquises, si au préalable on aurait pas brisé leur colonne vertébrale, à savoir, leur spiritualité et leur culture. Cette reconnaissance de fait des valeurs morales des Africains, par ce suprématiste blanc, constitue une vérité historique et démontre que l’Africain est naturellement plus sociable ou plus humain que l’Européen, qui est très individualiste et plus préoccupé par les questions de ses intérêts. La sociabilité ou l’humanisme des Africains, ainsi reconnu néanmoins sur fond de mauvaise foi, est l’essence existentielle des Africains du sud du Sahara à la pointe de l’Afrique du Sud ou cap de Bonne Espérance, ce qui explique que de nombreuses sociétés noires africaines ont survécu, malgré les déshumanisations, bestialisations, évangélisation barbares et génocides multiformes pour faire de ce continent un paradis terrestre uniquement pour les Européens.

Ces hautes valeurs morales reconnues, que Lord MACAULEY demande à ce qu’elles soient d’abord brisées avant de soumettre les Africains, trouvent leurs fondements dans deux (2) éthiques ou philosophies: (1) l’éthique UBUNTU pour les peuples d’Afrique Centrale, Orientale et Australe et(2) l’éthique MANDE pour les peuples de l’Afrique de l’Ouest, aussi vieilles que ces peuples, parce qu’elles sont elles-mêmes les adaptations (3) de la Maât, que nous évoquerons successivement, lesquelles philosophies sont encore très ignorées par de nombreux africains ce que Cheikh ANTA DIOP avait relevé, en ces termes: « Le Noir ignore que ses ancêtres, qui se sont adaptés aux conditions matérielles de la vallée du Nil, sont les plus anciens guides de l’humanité dans la voie de la civilisation ».

A titre d’information pour certains et de rappel pour d’autres, nous allons évoquer ces philosophies en nous référant étroitement aux analyses, recherches, récits, et écrits des sociologues, des ethnologues, des linguistes et des historiens, avec indication de certaines références bibliographiques y relatives pour de plus amples informations ou connaissances par les curieux.

I-: L’éthique UBUNTU

L’UBUNTU est une philosophie commune aux langues Bantou (Fang, Lingala, Swahili, Zoulou, Xhosa et autres…) de l’Afrique Centrale, Orientale et Australe qui « prône la compassion, la réciprocité, la dignité, l’harmonie et l’humanité dans l’intérêt de construire et de maintenir une communauté avec justice et bienveillance mutuelle » (cf jepense.org – MICROSOFT Bing). Cette philosophie est aussi vieille que ces langues bantou et est issue du dicton  » Umuntu, Nigumuntu, Nagumuntu » qui signifie  »une personne est une personne à cause des autres » –  » je suis parce que nous sommes, et puisque nous sommes, alors je suis » – (cf signification.fr – Microsoft Bing).

Selon MURYARADZI MUREVE Félix, « L’UBUNTU est l’essence même de l’Être Humain », une vision relationnelle du monde, qui « restitue l’essence de la signification de l’être humain », « … une personne est une personne à travers d’autres personnes » –  » Si nous sommes humains par le biais des autres, alors en privant les autres d’humanité, nous nous déshumanisons également, d’où la nécessité de promouvoir les droits d’autrui, de donner et de recevoir le pardon et de respecter les droits de l’homme des autres ». C’est pour dire que l’UBUNTU s’entend comme un facteur humanisant, parce que « … l’humanité est la condition existentielle préalable de notre lien avec nos semblables, …. que l’humanité passe par la médiation d’autres facteurs plus directs dans notre vie. Ceux-ci nous permettent d’exister à l’intérieur d’état permanent de symbiose avec les autres dans le passé, le présent et l’avenir » – (cf L’UBUNTU dans DIOGENE 235-236, pp. 44 à 59).

Ainsi définie, présentée ou perçue, l’éthique ou la philosophie UBUNTU repose sur la dépendance mutuelle et l’interdépendance qui permettent aux membres d’une société ou communauté donnée d’accéder à la plénitude de notre humanité, parce qu’elle est elle-même l’humanité et repose sur la considération de l’autrui, ce qui signifie en langue Zoulou, ‘‘ umuntu ngamuntu ngabantu », c’est à dire, un individu est individu à cause des autres individus, ou encore, considérer l’autre comme soi-même et le traiter avec respect.

Aussi, SAMKANGE nous enseigne que  » L’UBUNTU est l’attention que porte un être humain à un autre: la gentillesse, la courtoisie, la considération et la bienveillance dans les relations entre les gens; un code de comportement, une attitude vis à vis des autres, une attitude incarnée dans hunhu ou ubuntu (1980:39). 

Un adage populaire UBUNTU dit: « Ton enfant est mon enfant » ce qui sous-entend que l’on ne peut ignorer son appartenance à un ensemble dans lequel les individus sont étroitement liés entre eux dans le vécu quotidien de la communauté, et ceci est bien exprimé par MLULEKI MUNYAKA et MOKGHETI MOTLHABI:  » La valeur d’une personne en tant qu’être humain est toujours considérée comme aussi grande que celle d’une autre. L’UBUNTU s’oppose à tout ce qui peut nuire à une personne humaine. On ne peut s’épanouir qu’en respectant et en honorant les autres ».

2-: L’ETHIQUE OU LA PHILOSOPHIE MANDE OU MANDEN OU ENCORE MANDING

L’éthique ou la philosophie Manding, tout comme l’UBUNTU, trouve ses origines dans la Maât ou lois de l’Univers. Elle est l’adaptation des lois de Maât par la confrérie des chasseurs Mandingues DONSOS ou DOZOS. Cette adaptation s’est faite d’abord en 1222 sous forme de serment en 7 paroles adressées aux 12 parties du monde et ensuite sous forme de charte en 1236.

LE SERMENT DE 1222                                     Véritable engagement contraignant des chasseurs DONSOS ou DOZOS, adressé aux douze (12) parties du monde et formulé en sept (7) paroles:

  •  » Une vie est une vie », « Une vie n’est pas plus ancienne ni plus respectable qu’une autre vie, de même qu’une autre vie n’est pas plus supérieure à une autre vie », » Que nul ne s’en prenne gratuitement à son voisin, que nul ne cause du tort à son prochain, que nul ne martyrise son semblable »,
  •  » le tort demande réparation »
  • «  Pratique de l’entraide »,
  • «  Veille sur la patrie »,
  •  » La faim n’est pas une bonne chose, l’esclavage n’est pas non plus une bonne chose »,
  •  » La guerre ne détruira plus jamais le village pour y prélever des esclaves, c’est dire que nul ne placera désormais le mors dans la bouche de son semblable pour aller le vendre; personne ne sera non plus battue en Mandé, a fortiori mis à mort, parce qu’il est fils d’esclave »,
  • «  Chacun est libre de ses actes, dans le respect des interdits des lois de la patrie »

Ces sept (7) paroles, « adressées aux oreilles du monde entier », véritables idéaux, valeurs et principes proclamés par le SOUNDIATA KEITA, le Na ‘Kamma, et ses chasseurs en cette année 1222, sont relatifs à: UNE VIE. UN DESTIN. UN EMPIRE. lesquels idéaux, valeurs et principes, considérés comme les premiers Droits de l’Homme sont tirés de la Maât. C’est pour dire que les Droits de l’Homme n’ont pas été inventés en 1222, mais consacrés et sacralisés en cette année, après de multiples guerres existentielles, en se référant à la Maât. Pour de plus amples informations, se référer à :  » La Charte de Mandé: Maât dans la 1ère déclaration des droits de l’homme de l’histoire – LISAPO YA KAMA – Histoire Africaine, Wikipédia.

LA CHARTE DE 1236 : CHARTE DE KOUROUKANFOUGA OU CHARTE DU MANDE

Après sa victoire sur le cruel et très puissant SOUMAORO KANTE à Kirina, SOUDIATA KEITA a réuni en assemblée populaire tous les tjé koun ou hommes de tête du mandé acquis à sa cause, les membres anciens comme nouveaux, les castes, les habitants, vieux comme jeunes, les esclaves pour leur dire,  » maintenant que nous sommes les maîtres de notre destin, nous allons installer la patrie sur des bases justes et solides. Pour ce faire, édictons des lois que les peuples se doivent de respecter et d’appliquer ». A l’issu de cette assemblée populaire la cgarte ou manden bassiui kan (Proclamation fondamentale du Mandé) a été solennellement criée sur la grande place du Dakadjalan.

PHOTO lisapoyakama.org/mémorial de la charte de mandén

Cette Charte est constituée de 44 articles répartis dans 5 chapitres:

  • Chapitre I: Apparemment, il constitue le préambule, parce qu’il évoque l’origine et ne comporte aucun article
  • chapitre 2: Evocation de l’organisation de la société à travers 30 articles: article 1er à l’article 30
  • Chapitre 3: Concerne les Biens et contient 6 articles, de 31 à 36,
  • Chapitre 4: Evoque la Préservation de la Faune- comprend 3 articles, 37 à 39,
  • Chapitre 5: Consacré aux dispositions finales, avec 5 articles, allant de l’article 40 à l’article 44.                                  Pour d’amples informations, nécessité de se référer aux résultats des travaux de l’atelier régional de concertation entre communicateurs et traditionnalistes Maninka, tenu du au 12 mars 1998 à Kankan (République de Guinée).

Pour certains, la Charte de Kourouganfuga de 1236 est la première Déclaration des Droits de l’Homme avant l’heure, pour d’autres c’est la première constitution après JESUS C.HRIST. Est-il que cette Charte fait la fierté du Noir Africain, considéré de mauvaise foi politicienne comme n’étant pas entré dans l’histoire, alors qu’il est lui-même l’Histoire.

3-: LA MAÂT

 » Les mythes africains disent que DIEU est parti, en laissant le soin à l’homme de poursuivre (…) l’oeuvre d’organisation de la société, conformément aux lois de l’Univers » », rassemblées sous le vocable de Maât – cf La Pensée Africaine, p. 145 de MBOG BASSONG.

La Maât est le mode de pensée de l’Afrique authentique et existe chez tous les peuples africains sous différents noms: NZAME chez les Fang, NZAMBE en lingala et swahili, NZAPA en sango, etc……. Pour la petite histoire reprise dans MAÂT, la Philosophie Africaine (cf Wikipédia),  » l’Esprit/Conscience ou Esprit Caché ou IMANA/AMEN ou DIEU avait décidé au commencement d’engendrer le monde dans un seul but: créer et maintenir la vie » (ou Ankh). « Les Humains sont les second de DIEU sur terre et doivent l’assister dans sa tâche du maintien de la vie ». C’est pour cela que les Fang disent que  » NZAME est en haut, l’homme est en bas »; et  » la Maât est l’ensemble des lois par lesquelles le Créateur ou l’Esprit Caché a fait surgir la vie et l’ordre pour régir l’Univers. Alors, pour maintenir la vie, les humains doivent, comme le Créateur, faire la Maât, qui est le bien et vaincre l’Isfet qui est le mal », ce qui a été ainsi formulé:  » Tant que les Humains feront ce qui est bien, la vie continuera. Tant qu’ils feront ce qui est ordonné, la vie continuera. Tant qu’ils feront ce qui est harmonieux, la vie continuera. Tant qu’ils feront ce qui est juste, la vie continuera. Tant qu’ils feront ce qui est équitable, la vie continuera.. Tant qu’ils diront ce qui est vrai, la vie continuera… etc…, parce que ce qui est en bas ressemble ou doit ressembler à ce qui est en haut.

C’est pour dire que la Maât régit la vie à tous les niveaux. Par exemple au niveau de la famille,  » … les Êtres Humains en tant qu’individus sont assimilables aux particules dispersées dans Noun (eau), et par conséquent, vecteurs du désordre. Ils doivent donc être assemblés de manière ordonnée et harmonieuse dans une famille. Voilà pourquoi en Afrique, l’individu n’existe pas. IL ne peut être perçu que comme faisant partie d’une famille et d’une communauté. C’est la raison pour laquelle, les Africains, dans la tradition tiennent tant à vivre ensemble ».

Ainsi, la Maât, de la quelle découlent toutes les philosophies existentielles en Afrique est aussi vielle que l’espèce humaine première qui est noire, avec LUCY et TOUMAÏ, et en fonction des dispersions en Afrique et dans le monde, elle s’est adaptée sous différentes appellations, mais par contre récusée par une partie de l’espèce humaine qui a immigré vers le nord du bassin méditerranéen, laquelle espèce, depuis 1454 s’est faite maître du monde pour s’accaparer des biens des autres par la puissance de feu.

REPRESEBTATION DE MAÂT DANS LA MYTHOLOGIE EGYPTIENNE ‘ PHOTO Bing.com/images

QUE DIRE POUR FINIR?

Grâce aux quelques écrits, récits, résultats des recherches, débats en ateliers, notamment,

  • MBOG BASSONG, La Pensée Africaine,
  • TEMPELS Placide, La Philosophie Bantou,
  • Cheikh ANTA DIOP, L’Afrique Noire Précoloniale
  • LISA PO YAKAMA, Histoire Africaine
  • Atelier Régional de Concertation entre Communicateurs et Traditionnalistes Maninka, tenu à Kankan (République de Guinée) du 10 au 12 mars 1998.
  • jepense.org
  • signification.fr,
  • cairn.info,
  • Microsoft Bing,
  • Wikipédia,
  • Le Gouvernement Malien,
  • Système d’Exploitation UBUNTU 23.10,

nous avons appris et compris que le Noir africain a une âme sociale et sociable qui date de la plus vielle antiquité, parce qu’il est l’Histoire et a charge de poursuivre ce que le Créateur a fait pour maintenir la vie sur cette terre laissée en héritage commun. Malheureusement, certaines âmes perverses, par égoïsme et méchanceté humaine démesurés, contraires à la volonté du Créateur qui demande à l’Humain de faire le bien, veulent asservir les autres pour leurs propres intérêts. C’était ainsi que les grandes valeurs morales de l’Afrique furent effectivement détruites du XIVème au XXème siècle, en grandes parties par moyens de déshumanisations, de bestialisassions pour pillages et du maintien politique et volontaire des Peuples Noirs dans l’ignorance, la méconnaissance, avec la complicité de certains Noirs

Avec le XXIème siècle qui se veut un siècle d’excellence et de performances, et à cause des ouvertures des esprits qui se font actuellement et les inéluctables prises de conscience, le Noir en général, et particulièrement, le Noir Africain cherche à se réapproprier sa destinée, et cela est possible par moyens des promotions de la santé, de l’éducation, de l’information vraie, des nouvelles technologies de communication, du partage assez équitable ou en fonction des mérites et de la maîtrise des expertises pour une judicieuse exploitation des richesses naturelles que le Créateur leur a données pour poursuivre la mission divine confiée.

Nous avons confiance, que l’Afrique, berceau de l’Humanité recouvrera son rôle originel voulu, par le Créateur sur fond de sociabilité et dans l’intérêt du monde entier. L’Afrique a les moyens et il lui faut maintenant les génies et compétences avec la volonté de partager et non celle d’exploiter, de piller et de conserver pour soi. La décadence aujourd’hui de l’Occident qui s’accroche à sa force ou puissance militaire qui s’amenuise à cause des émergences régionales d’autres forces, convint que le changement est irréversible et il incombe aux Africains de savoir positivement capitaliser ce changement pour poursuivre la mission divine à eux confiée, pour que « ce qui est en bas ressemble à ce qui est en haut ». Donc, faire la Maât (le bien) et combattre l’Isfet (le mal) pour que la vie continue sur terre, comme le veut le Créateur.

Avec toutes nos considérations.

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