LE DOULOUREUX CONSTAT DE L’EFFACEMENT DE L’ETAT CENTRAFRICAIN
I -: UN ETAT FAILLI AU PLAN DES FINANCES PUBLIQUES

Des douze (12) Etats francophones d’Afrique, ayant encore en commun la monnaie coloniale, le FCFA; Centrafrique fait figure du parent pauvre par le montant de son budget prévisionnel pour l’année 2024 s’élevant à seulement 200 milliards (200 000 000 000) de fcfa, alors que les 11 autres anciennes colonies ont chacune un budget prévisionnel dépassant largement les 2000 milliards (2000 000 000 000) fcfa, Un coup d’oeil comparatif sur ces 12 budgets adoptés par les différentes Assemblées Nationales permet de faire les constats ci-après:
- Le cumul des montants des budgets des 7 pays de la CEDEAO se chiffre à 34838 442 000 000 fcfa, plus du double de celui des 5 pays de la CEMAC qui est de 15725 500 000 000 fcfa, pour un cumul général de 50563 942 000 000 fcfa
- Le montant du budget prévisionnel de la République Centrafricaine représente
- 0,40 % du montant cumulé des budgets prévisionnels des 12 Etats francophones,
- 0,57 % du montant cumulé des budgets prévisionnels des 7 pays francophones de la Communauté Economique et Douanière des Etats de l’Afrique de l’Ouest-CEDEAO,
- 1,27 % du montant cumulé des budgets prévisionnels des 5 Etats de la Communauté Economique et Monétaire des Etats de l’Afrique Centrale- CEMAC
- Le budget prévisionnel centrafricain, se chiffrant à 200 milliards en recettes, dont 160 milliards fcfa au titre de recettes internes et 40 milliards pour des concours extérieurs, dégage un déficit ou gap de 119 milliards pour des dépenses prévisionnelles de 319 milliards de fcfa..
N’étant pas au sein de la haute sphère politique financière du pouvoir en place, nous ne pouvons apprécier à leur juste valeur les approches stratégiques envisagées par ce pouvoir, en dehors des concours extérieurs, qui ne sont pas apportés ces dernières années à cause de la mauvaise gouvernance, d’où graves problématiques des investissements, parce que, depuis la nuit de l’indépendance politique octroyée, les rares investissements réalisés par les gouvernements centrafricains successifs, les ont toujours été grâce aux aides extérieures. C’est pour dire, s’il n’y a pas d’aide extérieure, alors il y a zéro investissement, triste réalité qui démontre soit une incapacité soit une mauvaise volonté politique des gouvernants politiques centrafricains.
2 -: UN ETAT FAIBLE ET FRAGILE
DE CRIARDES VULNERABILITES SOCIALES
Une Population très jeune, mais analphabète et très discriminée: la population centrafricaine estimée à 6 100 000 âmes par l’institut Centrafricain des Statistiques, et des Etudes Economiques et Sociales-ICASEES,
- est assez dense ; en 20 ans (2003-2023), la densité de la population est passée de 6,2 à 9,7 habitants au km², avec un taux d’urbanisation très prématurément rapide, entre 2013 et 2021, à cause de l’insécurité devenue un fonds de commerce politique et diplomatique qui a fortement induit l’exode rural vers les grandes villes du pays, dont les populations cumulées représentent, en 2022, 42 %, soit 2 562 000 habitants, réduisant ainsi la population rurale agro-pastorale qui représentait 65 à 70 % de la population nationale, qui ne peut se livrer actuellement à ses activités à cause des mercenaires importés qui ont obligé une grande partie à quitter la terre de ses ancêtres pour leur faciliter les pillages des ressources naturelles. La population déplacée de force, estimée au 1/5ème de la population totale rurale (3 538 000), soit 707 600, concentrée sur de nombreux sites, abandonnée par les autorités politiques de Bangui à la bienveillance des Organismes Humanitaires, est exposée à une famine aiguë que les aides humanitaires ne suffisent pas à résorber. Le reste, soit 2 830 400, constituée en très grande majorité d’enfants, ayant moins de 18 ans (2 379 000) et dépossédée de ses moyens de production d’antan, ne se livre plus qu’à des cultures potagères ou à la cueillette selon les saisons, d’où délicats problèmes d’emplois et de relance des activités agro-pastorales,
- est très jeune: (1) les jeunes de moins de 35 ans représentent 78 %, soit 4 758 000, dont 50 %, soit 2 379 000 ont moins de 18 ans, ce qui pose les problèmes d’infrastructures sociales de base, alors que durant les 8 ans du pouvoir en place, aucune salle de classe, ni un poste de santé, ni une maternité n’ont été construits sur le budget de l’Etat et (2) les jeunes filles non scolarisées sont mariées souvent avant 18 ans (taux de 61 % entre 2006 et 2022) et subissent des mutilations pour celles âgées de 15-19 ans (taux de 21 %, entre 2004-2021),
- est constituée à 52 % de femmes, soit 3 172 000 et 48 % d’hommes, soit 2 928 000,,
- est précaire à cause (1) d’un taux de mortalité infanto juvénile (- 5 ans) de 99/1000, soit le 5ème des taux les plus élevés au monde, (2) d’un taux de mortalité maternelle égal à 835 décès pour 100000, (835/100000), soit le 4ème des taux les plus élevés au monde, (3) avec seulement 40 % des naissances assistées par un personnel sanitaire, conséquence d’un faible taux de couverture en consultation prénatale qui est de 41,4 %, parce que, seules les femmes des villes centrafricaines, dont 52 % ont accès aux visites prénatales et 58,6 %, ont accès aux visites postnatales; la raison, 93 % des sages-femmes travaillent dans les grandes villes et seulement 7 % d’entre elles sont affectées en province où vit 58 % de la population centrafricaine,
- est très discriminée: (1) le pays occupe le 188ème rang (188/191) au plan d’inégalité des sexes, d’où impossibilité d’atteindre les 35 % escomptés en 2025, (2) le 154ème rang (154/191) en ce qui concerne la participation féminine dans les postes électifs pour question d’analphabétisme, (3) l’écart des salaires entre hommes et femmes est de 40,6 %, (4) un taux très faible, 10 %, d’ accès des femmes aux services économiques et (5) des violences basées sur le genre (VBG), avec 17200 cas enregistrés entre janvier et juin 2023, dont 36% de cas de viols, 21 % d’agression physique et 21 % de violences psychologiques.
- est très analphabète: (1) 36 % des jeunes centrafricains, âgés de 15 à 24 ans , dont 50 % de garçons et et 31 % des filles, sont analphabètes, à cause des durées de scolarisation qui sont de 5,3 ans pour les garçons et 3,8 ans pour les filles, (2) pour la scolarité 2022-2023, (1) 40 % des enfants de moins de 14 ans (- 14 ans), soit 1 980 000, ayant été séparés de leurs parents et abandonnés à eux-mêmes, n’ont pas été scolarisés, (3) 550 000 enfants de 14-17 ans n’ont pas été scolarisés pour la même période, et (4) ces jeunes en décrochage scolaire subissent régulièrement des violences en tous genres; selon la Division des Droits de l’Homme des Nations Unies, 647 jeunes ont été victimes des violations des droits des enfants durant le dernier trimestre 2022 - cf, HRC52 UN_HCR.UN Human Rights Council RCA https//t. co/9UrmFMXn M5,
- est handicapée physique à 15 %, soit 915 000, et 73,8 % de ces handicapés physiques, soit 675 270 ne savent ni lire ni écrire.
Faits caractéristiques en ce début de 2024:
- Pays très pauvre, malgré ses ressources naturelles, surtout minières, dont 470 indices miniers ont été répertoriés,
- pays fragile à cause de nombreuses crises militaro-politiques provoquées pour piller les ressources naturelles,
- pays occupant le 188ème/191 en matière des indices du capital humain.
- pays connaissant depuis 2013 une très forte stagnation économique.
Un Peuple abandonné et face à lui-même:
- absence des fournitures essentielles de base, notamment les carburants, eau potable (véritable poison que distribue depuis septembre 2023 la SODECA) et électricité qui demeure un produit de luxe pour la majorité des Banguissois,
- absence d’infrastructures essentielles de base: les routes, même dans la capitale Bangui, sont dans une situation de dégradation très avancée, les 4 hôpitaux de la République installés tous à Bangui avec l’unique pédiatrie, sont devenus des mouroirs,
- grande pénurie des produits de première nécessité,
- graves inondations depuis septembre 2023, sans interventions ni aides publiques: d’où abandon des sinistrés à leur triste sort, ce qui a été cause d’un cri de coeur d’une femme du quartier Gbanikola dans l’agglomération de Bangui, en novembre 2023.
Pays en lambeaux, un Peuple méprisé, abandonné à lui même, désabusé, meurtri, mais devenu résilient à cause de la succession des crises militaro-politiques et qui ne désespère pas, parce que conscient d’une seule alternative qui s’offre à lui. Se libérer lui-même pour pouvoir profiter de ses richesses naturelles, objet d’ambitions très démesurées des véreux et mafieux de tous bords, avec la complicité de ses gouvernants, qui veulent toujours s’accrocher au pouvoir…
Avec toutes nos considérations
Sources des données utilisées: OCHA: Rapport de la situation de la RCA du 05 janvier 2024, Banque Mondiale-BM: banquemondiale.org/fr/country/centralafricanrepublic/overview – RCA vue d’ensemble, Institut Centrafricain des Statisques et des Etudes Economiques et Sociales-ICASEES HCR: HCR52 UN_HCR.UN human Rights Council RCA https//t.co/9Urm FMXn Système Commun de Gestion d’informations sur les violences basées sur le genre – VBGIMS

Bangui, la poussiéreuse
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