MÊME SI ON NE SAIT PAS D’OÙ ON VIENT, NÉANMOINS ON SAIT LÀ OÙ ON DOIT Y ALLER DÉSORMAIS
PART 4: LES INCONSÉQUENCES POLITIQUES D’UNE ACCESSION PREMATUREE A L’INDEPENDANCE
L’Oubangui Chari, devenu République Centrafricaine-RCA ou Centrafrique, le 1er Décembre 1958, laquelle s’est vue octroyée une indépendance le 13 Août 1960, n’était qu’une République de nom, car sans repères, non organisée et ne disposant pas de Cadres compétents à tous les niveaux pour prendre la relève des colons qui ont fait les malheurs de la colonie, en refusant d’appliquer les mesures de la nouvelle politique indigène initiée par EBOUE Félix, un descendant d’ancien esclave oubanguien emmené en Guyane française.
BOGANDA Barthélémy, premier abbé oubanguien, a été élu Député de l’Oubangui Chari à l’Assemblée Française le 10 novembre 1946, ré élu en 1951 et une 3ème fois en 1956, malgré les tractations et les manipulations des milieux coloniaux de Bangui, conscient des faiblesses et des difficultés, si les territoires d’Outre Mer de l’Afrique Equatoriale Française-AEF accédaient individuellement à l’indépendance, il a oeuvré pour un Etat fédéral, mais incompris, surtout pour question d’orgueil individuel et refus des évidences politiques par les autres futurs Chefs d’Etat, la mort dans l’âme, il a donné le nom de République Centrafricaine à l’Oubangui Chari, territoire non organisé politiquement et économiquement, le 1er Décembre 1958 et le 29 Mars 1959, il trouva la mort dans un accident d’avion, revenant de Berbérati, accident non encore élucidé depuis lors. La mort de BOGANDA, voulue par les colons de Bangui, a ouvert la voie à une ère de manipulations et d’instabilités politiques chroniques pour des intérêts de la métropole. Ainsi, la population oubanguienne, devenue centrafricaine, analphabète à 98 %, va assister en témoin impuissant à l’amateurisme politicien sur fond de manipulations, à des exclusions, dénis de responsabilités politiques, économiques et sociales, avec de graves conséquences qui obèrent encore l’émancipation de Centrafrique.
LE SUICIDAIRE AMATEURISME POLITIQUE
En dehors de rares chefs de districts et du gouverneur de l’Oubangui Chari, qui sont d’anciens commis des services administratifs, la majorité des colons de l’Oubangui Chari était des aventuriers au col blanc ou des mercenaires de toutes nationalités, recrutés à bons comptes par les concessionnaires, qui, par fait d’octroi d’indépendance dans une carence criarde de compétences, deviennent de fait, ceux qui vont décider du devenir de Centrafrique, en quelque sorte des borgnes qui deviennent rois dans le royaume des aveugles. Demander à un pyromane, d’éteindre l’incendie qu’il a allumé pour ses intérêts, quel paradoxe. Et il n’aura d’autre alternative que le maintien du système en place pour meilleure exploitation ou profits extrêmes. Ainsi, au lieu d’organiser cette jeune République, ces rentiers coloniaux ont versé dans les tribulations, pour mettre aux commandes leurs hommes de main, véritables marionnettes politiques.
- Le dilemme DACKO-GOUMBA: A la mort de BOGANDA, GOUMBA Abel, qui avait assumé les fonctions de Chef de Gouvernement sous BOGANDA, avait assuré l’intérim à sa mort. Mais le trouvant très socialo-communiste, les colons de la chambre de commerce de Bangui ont placé DACKO David, jeune agent d’enseignement nommé Ministre de l’Intérieur dans le gouvernement GOUMBA, ce qui n’avait pas tardé à créer de vives tensions politiques. GOUMBA va quitter le Mouvement d’Evolution Sociale en Afrique Noire-MESAN de BOGANDA pour créer son propre parti politique, le Mouvement d’Evolution Démocratique de l’Afrique Centrale-MEDAC, se réclamant les idéaux de BOGANDA, offrant ainsi l’occasion rêvée au milieu colonialiste de Bangui de procéder à toutes les manipulations, par le biais de DACKO, qui malgré lui, va faire dissoudre le MEDAC, arrêter GOUMBA qui avait dénoncé les accords d’indépendance, parce que non négociés par DACKO, d’où première grave crise politique qui avait failli emporter la jeune République. Et cette première grave crise politique, jusqu’à présent, n’avait pas été politiquement expliquée aux Centrafricains… Aux Historiens centrafricains d’expliquer cette page sombre à leurs compatriotes.
- L’instauration de la 2ème République: Ayant réussi à neutraliser GOUMBA, les colons de la chambre de commerce de Bangui vont amener DACKO à revendiquer, en tant que cousin, les idéaux de BOGANDA, récupérer le MESAN et le mettre sous son contrôle. Après s’être fait fait plébisciter par le MESAN le 05 janvier 1964, le 20 décembre 1964, sur initiative de la chambre de commerce de Bangui, DACKO va promulguer une loi constitutionnelle, modifiant de fond en comble la constitution parlementaire du 09 février 1959, une des causes de la mort accidentelle de BOGANDA, et naîtra ainsi la 2ème République, à l’image du milieu colonialiste de la chambre de commerce de Bangui, attaché à ses intérêts économiques et métropolitains. Principat colonial oblige.
Acteurs politiques de façade, objets de manipulations et d’intrigues politiciennes, les Autorités Politiques Centrafricaines d’Indépendance, n’ont rien maîtrisé, ne contrôlent rien et vont vite montrer leurs limites; incapables d’organiser et de gérer, elles seront vite confrontées à la délicate problématique des finances publiques, d’où nécessité de solliciter l’aide des partenaires, en particulier celle de la Chine qui disposait d’opportunités pour récupérer les jeunes Républiques d’Afrique dans sa sphèrepolitique. Les »faiseurs de la politique colonialiste » de la chambre de commerce de Bangui, profitant de la circonstance, n’ont pas hésité à sacrifier DACKO en fomentant un coup d’Etat politique, accusant le commandant IZAMO de la gendarmerie de vouloir organiser un coup d’Etat, pour amener le capitaine BOKASSA des Forces Armées Centrafricaines-FACA, autre cousin de BOGANDA et DACKO, tous trois (3) de la même ethnie Ngbaka, à prendre le pouvoir, alors que le réel motif politique est que le milieu colonialiste, avec l’accord de la métropole, voulait neutraliser les officiers BANDA et GBAYA qu’il trouvait menaçants pour les intérêts français, en faisant exécuter la basse besogne par le capitaine BOKASSA Jean Bedel.
Ainsi, manipulations et intrigues politiciennes, tribalisassions du pouvoir politique ont été les premières inconséquences de l’immaturité ou de » l’illettrisme politique » de la jeune classe politique centrafricaine. Et suivront d’autres inconséquences durant les 65 ans de la pseudo indépendance de Centrafrique, notamment les crises militaro-politiques, les négatives reproductions des modèles et attitudes désuetes et rétrogrades, les prédations en tous genres, les incertitudes et doutes.
Donc, pour question de ses intérêts économiques et métropolitains, la chambre de commerce de Bangui a tracé une voie royale, celle de guidage politique des Autorités Politiques Centrafricaines immatures, sur fond d’un amateurisme suicidaire et de dysfonctionnements. - Les rétrogrades et désuètes pratiques politiques et administratives: Dès 1959, la FrançAfrique a été instaurée de manière sibylline en Centrafrique par le milieu néo-colonialiste de la chambre de commerce de Bangui, qui profitant de l’illettrisme, de l’immaturité politique, de l’ignorance et de la méconnaissance des nouvelles Autorités Politiques, véritables Autorités Politiques de façade, a tiré toutes les ficelles, si bien que Centrafrique, la jeune République a végété dans un amateurisme suicidaire, aux incalculables conséquences, notamment, un Etat affaibli et désengagé, une précarité de la paix, une souveraineté galvaudée, et un cadre de vie qui se dégrade de plus en plus, à cause des tribalisassions des pouvoirs, les dénis de responsabilités régaliennes, le laxisme, l’impunité et la politisation de l’administration nationale, les dysfonctionnements des institutions républicaines, et depuis 2016, les mensonges d’Etat le terrorisme d’Etat, le mercenariat d’Etat, la mafia d’Etat, les rackets d’Etat, les ethnocides, le génocide et la racialisation confessionnelle.
L’INSTABILITE POLITIQUE, VERITABLE FONDS DE COMMERCE DIPLOMATIQUE
Dès l’aube de l’indépendance octroyée, le pays a été plongé dans un infernal cycle de crises politiques et militaro-politiques qui surviennent pratiquement tous les 5 ou 10 ans, selon le constat ci-après:
- 1960 – : Le Président DACKO fait arrêter GOUMBA et les Membres de son bureau politique et dissout le MEDAC;
- 1966: 1er janvier: Coup d’Etat du colonel BOKASSA, renversant DACKO;
- 1979: Septembre: Opération BARRACUDA de l’armée française, renversant BOKASSA et ramenant au pouvoir DACKO, véritable oeuvre du maître colonial;
- 1981: Septembre: Première fronde populaire: le Président DACKO, sous une véritable fronde populaire menée par PATASSE, cède le pouvoir au général KOLINGBA André, censé le lui remettre, après avoir remis de l’ordre, prouvant ainsi qu’il n’a rien compris de son vécu politique et son incapacité à gouverner ou gérer le pays;
- 1982: Première crise BOZIZE, avec comme conséquence, son exil au Dahomey, actuel Bénin;
- 1991-1992: Seconde fronde populaire, caractérisée par une longue série de grèves, suite à la déclaration du Président français MITERRAND à la conférence FrançAfrique de Baule (France);
- 1996: Série de mutineries qui étaient de véritables tentatives de coups d’Etat, les 1er avril, 15 mai et 15 novembre soutenues par les milieux français;
- 2001: 28 mai: Tentative de coup d’Etat manqué, imputée politienne ment au Général KOLINGBA;
03 novembre: seconde crise BOZIZE, entrée en rébellion; - 2002: 25 octobre: Première tentative de prise de pouvoir par le Général BOZIZE;
- 2003: 15 mars: Sursaut patriotique – prise du pouvoir par le Général BOZIZE;
- 2011-2012: 3ème fronde populaire, donnant lieu à de difficiles négociations et boiteux arrangements politiques;
- 2012: 10 décembre: Début de la rébellion de la coalition seleka;
- 2013: 24 mars: prise du pouvoir à Bangui par la coalition seleka avec NDJOTODIA, comme Président de la République ;
05 décembre: brutale réaction et tentative des anti balaka de chasser
NDJOTODIA du pouvoir; intervention des militaires français
avec l’opération SANGARIS; - 2014: 10 janvier: Démission arrangée de NDJOTODIA à Ndjaména (Tchad);
25 janvier: Mise en place officiel de la Transition Politique avec SAMBA
PANZA, choisie par la FrançAfrique comme Présidente; - 2015: 28 septembre: 4ème fronde populaire – marche des Forces Vives de la Nation, contre la gestion scandaleuse de SAMBA PANZA;
27 décembre: Premier tour des élections présidentielles et législatives
couplées; annulation des élections législatives et maintien des résultats des élections présidentielles, malgré les criardes irrégularités; - 2016: 14 février: 2ème tour des élections présidentielles. A la surprise générale, le candidat TOUADERA à été déclaré élu, alors qu’il n’avait recueilli que 3,75 % au premier tour ;
30 mars: – promulgation de la constitution;
– investiture du déclaré Président élu, TOUADERA; - 2017: Persistance de l’insécurité et occupation de 70 % du
territoire par les groupes armés: tueries de masse et
déplacements forcés de la population, à Kaga Bandoro,
Bambari, Alindao, Bangassou, Bakouma, Bria, Batangafo,
BOCARANGA, KOUI, Niêm Yélowa, RafaÏ, Paoua, Zémio
et Obo; - 2018: 09 avril: Attaque de la résidence du déclaré élu Président TOUADERA,
autre tentative de coup d’Etat, repoussée par le
contingent rwandais de la MINUSCA qui assure sa
sécurité personnelle; - 2019: 15 janvier: Attaque de la ville de Bambari, lors de la journée mondiale
de l’alimentation-JMA, plusieurs fois reportée;
06 février: Signature à Bangui de l’accord du 8ème dialogue entre les
pouvoirs publics et les groupes armés, négociés à
Khartoum (Soudan) du 25 janvier au 05 février, lequel
dialogue a été contrôlé de bout en bout par les
mercenaires de la société Wagner sur fond de distribution
d’enveloppes de fcfa, une sibylline amnistie aux groupes
armés, qui ont repris les tueries de masse;
Juin: Dans son rapport au Secrétaire Général des Nations Unies, le
Représentant Spécial, MANKEUR NDIAYE, fait état de 50 à 70
violations par semaine de l’accord de Khartoum par les
groupes armés, commises principalement contre la
population;
11 juillet: affrontements entre groupes armés, dans l’enclave du KM5,
sous l’oeil de la MINUSCA;
20 juillet: Assassinat du Directeur de l’école privée de Niêm Yélowa dans
la Nana Mambéré;
26 juillet: Violent combat à Alindao (Préfecture de la Basse Kotto) entre
les hommes de NDARASSA ALI et le contingent de la
MINUSCA, appuyée par les FACA;
Décembre: Retour inopiné de l’ancien Président BOZIZE à Bangui:
véritable psychose au niveau du Président TOUADERA, qui a
fait appel à NDJOTODIA, exilé au Bénin, lequel est reparti 48 h
après; - 2020:
Février: – Tueries-calcination d’Alindao;
– Fratricides combats entre Goula, alliés aux Soudanais, contre
les Rounga à Birao et à Bria;
– Violents affrontements fratricides entre Rounga et Goula à
Ndélé;
– Déclaration du Général NGAÏFEÏ Ludovic qui a créé une
véritable trouille chez TOUADERA qui a convoqué un
Conseil de Ministre Spécial à propos et le Général NGAÏFEI fera l’objet d’arrestationet détenu plus d un an à la prison Touadera du camp de Roux;
– Pré campagne de l’ancien Président BOZIZE qui a semé la
panique au niveau du pouvoir;
Décembre: Création de la CPC, BOZIZE YANGOUVONDA désigné
comme Coordonnateur Général: ouverture d’une grave
crise politico-militaire, qui fera l’objet d’une analyse spécifique, dans la sixième partie de cette série.
Avec toutes nos considérations

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