DEVOIR DE MEMOIRE : CENTRAFRIQUE

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MÊME SI ON NE SAIT PAS D’OÙ ON VIENT, NÉANMOINS, ON DOIT SAVOIR LÀ OÙ ON DOIT DÉSORMAIS Y ALLER


PART 5 : UN ETAT NEANT, REELLEMENT NEANT EN 2024

Nous avons évoqué dans les quatre (4) premières parties les graves maux ou facteurs bloquants qui ont compromis et qui continuent de compromettre l’évolution sociale et économique de Centrafrique, cette portion de terre promise, depuis la nuit des temps. En cette année 2024, après 8 années de mensonges d’Etat, de terrorisme d’Etat, du mercenariat d’Etat, de la mafia d’Etat et des rackets d’Etat, nous sommes en droit de nous interroger sur la situation de la Nation Centrafricaine au plan social, au plan économique et au plan politique, c’est à dire constater avec amertume les douloureux méfaits ou gâchis.

AU PLAN SOCIAL

*-: Une Nation éclatée en mosaïques communautaristes : Les multiples crises politiques et militaro-politiques d’avant 2012 avaient très fortement ébranlé les soubassements sociaux à cause des exclusions, mépris, frustrations, humiliations multiformes qui ont induit des replis identitaires ou communautaristes. La crise de 2012-2013 a transformé la Nation Centrafricaine, en voie de consolidation, en mosaïques tribo-ethniques et le régime inique de TOUADERA, depuis 2016, a réussi à opposer le Centrafricain au Centrafricain par moyens d’affrontements fratricides, d’ethnocides des Banda et des Gbaya Bossangoa, de génocide des compatriotes de confession musulmane et à traumatiser le Centrafricain par les mercenaires russes, les milices criminelles (les requins, les russes noirs et les brigades d’interventions rapides-BIR) qui se livrent allègrement aux tueries-calcinations de masse, aux trafics d’organes humains, aux assassinats politiques.


**-: Dysfonctionnements du Système Educatif: A l’indépendance, les nouvelles Autorités Politiques Centrafricaines avaient amorcé la démocratisation de l’école qui avait été et demeure l’idéal creuset d’éducation, de la formation, de l’intégration, d’assimilation ou de brassage de l’enfance et de l’adolescence centrafricaines. Mais les crises politiques et militaro-politiques à répétition, la problématique des finances publiques, l’inadéquation des programmes d’enseignements et de formation hérités de la colonisation, n’ont pas permis à ces Autorités de concrétiser à longs termes cette noble ambition, d’où dérives, dégradation progressive du système éducatif. Sans fausse honte, nous pouvons évoquer (1) le criard déficit en personnel enseignant compétent, à l’instar du déficit du personnel de l’Etat au début de l’indépendance octroyée, lequel déficit s’est complexifié durant les deux premières décennies d’indépendance, faute d’un processus rationnel, (2) le manque ou l’insuffisance des structures, d’infrastructures et de matériels didactiques adaptés pour une population très jeune (tranches d’âges 5-17 ans représentant 53 % de la population) à scolariser et (3) les multiples grèves du personnel enseignant à cause de la modicité de leurs rémunérations, des retards de salaires, de manques d’avantages et des misérables conditions de travail, surtout dans les zones rurales, ayant induit des accumulations des années blanches, des décrochages scolaires. A ces maux déjà graves, se sont greffés, depuis 2013, l’occupation des établissements scolaires par les groupes armés dans leurs zones d’influence, pour en faire leurs états-majors, empêchant toute scolarisation, le refus du personnel enseignant de regagner leurs postes d’affectation pour question d’insécurité, d’où le recours des parents à des maîtres-parents qui forment au rabais.
C’est pour dire que depuis 2012, les Autorités Politiques Centrafricaines, en impuissants ou en complices, contribuent à la formation des générations d’illettrés, alors que ce sont les jeunes d’aujourd’hui qui vont succéder selon les décades aux générations actuelles qui ont failli. Un mal qui nécessitera plusieurs décennies pour le juguler.

***-: La Précarité de la Santé:
Education et Santé sont deux secteurs transversaux, complémentaires, ayant les mêmes similitudes, parce que facteurs déterminants pour la promotion socio-économique, et ces deux secteurs ne peuvent être envisagés l’un sans l’autre. La santé demeure encore plus problématique que l’éducation, parce que la santé conditionne le physique. Un Peuple malade constitue un véritable handicap.
Près de 70 ans après l’indépendance octroyée, nous constatons avec amertume que la République Centrafricaine ne dispose que de (1) quatre hôpitaux, dont deux sont en ce mois d’avril 2024 fermés pour manque d’eau courante et d’électricité, (2) de trois morgues dont une est in opérationnelle depuis ce mois d’avril 2024, (3) d’une seule pédiatrie installée à Bangui, (4) d’un seul centre psychiatrique avec 12 lits, (5) d’un seul centre de dialyse, (6) une carence du personnel soignant compétent et (7) un inconcevable manque d’hôpitaux en province; depuis 2016, le régime de Bangui est incapable de créer un seul poste de santé dans l’arrière-pays.

****-: De criardes discriminations sociales:
Des désignations péjoratives et exclusives telles, savaniers, riverains, forestiers, nordistes, ou c’est mon régime politique, c’est notre tour, c’est mon pouvoir ou c’est notre pouvoir, sont entrées dans le langage politicien à Bangui et sont des qualificatifs employés par des partisans des régimes politiques en place ou par desdits opposants et ont été des formules de manifestations ethnique, régionaliste d’appartenance ou de non appartenance à un régime politique, termes et expressions qui ont induit des clivages, des exclusions. Durant le régime du Président KOLINGBA  »E gbou ngangou, sous le régime du Président PATASSE, Patassiste, sous celui du Président BOZIZE YANGOUVONDA, Boziziste, avec le régime actuel depuis 2016, c’est Fatiste ou Touaderateur.
Ainsi, discriminer, diffamer, insulter, manquer du respect sont entrés dans l’ADN politique en Centrafrique, une négativité déstructurante de la symbiose nationale, avec toutes les conséquences aux plans politique et administratif.

AU PLAN ECONOMIQUE:

*-: DUALITE ECONOMIQUE
Parler de l’économie dans un pays revient à évoquer l’importance des activités économiques (production, extraction, transformation), commerciales (échanges) et intermédiaires, réalisées par des personnes morales, privées ou publiques ou des personnes physiques, selon l’économie de marché, l’économie dirigée ou l’économie guidée, ou encore selon le classement de ce pays en Etat développé, avancé, sous-développé ou arriéré, et aussi selon le côté dont on se trouve; autrement dit, évoquer l’importance du secteur privé de ce pays comme producteur de richesses. Pour le cas de Centrafrique qui nous intéresse, l’économie est à l’image du pays qui n’a pas encore atteint son stade du  »take off » de ROSTOW W.W. de point de vue capitaliste, mais de point de vue d’un pays qui est passé par les trappes de sauvages exploitation et colonisation, selon les logiques de domination et d’intérêts, c’est une économie de superposition caractérisée par la survivance de l’économie coloniale reposant sur l’exportation à l’état de quelques produits depuis la nuit des temps, coton, café, bois, or, diamant, et une économie de subsistance, résurgence de l’économie traditionnelle.

Deux (2) formes d’économie qui ne s’imbriquent pas après ces 65 ans de pseudo indépendance, pour cause de nombreux facteurs bloquants, notamment, le caractère continental du pays, l’étroitesse du marché, l’absence des fournitures et infrastructures essentielles de base, les insuffisances d’initiatives et manque de compétences ou d’expertises, l’instabilité politique chronique qui ramène toujours à la case départ, donc un contexte qui permet de parler, sans fausse honte, d’une économie désarticulée, d’un secteur privé déstructuré, non entreprenant, parce que secteur privé de bricolage, qu’il faut maintenant structuré, harmonisé et rendre performant par moyens d’encadrements et de soutiens.

**-: NECESSITE DE CENTRAFRICANISER L’ECONOMIE
le secteur informel ou économie des sauvages, selon le colonisateur, est et demeure la survivance de l’économie traditionnelle qui côtoyait l’économie coloniale, et qui est devenu très dynamique depuis l’indépendance, parce qu’il se nourrit des activités économiques et commerciales du monde rural, réalisées par les agriculteurs, les éleveurs, les artisans miniers et ruraux, les commerçants ambulants et reposant sur l’auto-financement, les tontines, qui échappent à tout circuit bancaire. Ce secteur brasse des milliards de fcfa échappant à tout contrôle. Un secteur économique et commercial qui est resté longtemps incompris et encore marginalisé par les adeptes de l’économie du marché, surtout les institutions financières internationales, mais assure les besoins sociaux fondamentaux et permet le développement de proximité ou le développement à la base, mais à des échelles réduites aux besoins quotidiens.
Pour le dire aussi simplement, le secteur informel est un mode de satisfaction des besoins sociaux qui n’avait pas répondu aux lois du marché colonial, qui non plus ne répond pas aux lois du marché libéral aujourd’hui. Donc un mode de satisfaction des besoins sociaux qu’il faut maintenant encadrer, accompagner ou soutenir de manière multiforme pour en faire le fondement de l’économie nationale, parce que support structurant sur lequel vont se greffer les activités de production, d’extraction, de début de transformations primaires pour satisfaire les besoins locaux ou ruraux, générant des plus-values et facilitant dans un premier temps des échanges au niveau national de produits semi transformés et à terme des produits transformés, permettant des exportations. Pour ce faire, il urge de procéder à un guidage économique se traduisant par (1) fixer économiquement, commercialement et fiscalement les acteurs du secteur informel, (2) les accompagner et les soutenir dans la consolidation de leurs activités en vue de créer des emplois, (3) définir des mercuriales incitatives et un niveau minima périodiquement revalorisé de rémunération, (4) sensibiliser, conscientiser et inciter aux renforcements des capacités des acteurs du secteur informel, (5) assurer une disponibilité de conseils, des fournitures et infrastructures essentielles de base, sensibiliser et conscientiser au civisme fiscal. Ces efforts sacrificiels, qu’il faut impérativement réaliser, offriront l’avantage à terme de faire du secteur informel, le fondement du secteur privé pour la centrafricanisassion de l’économie.

AU PLAN POLITIQUE

Les nombreuses crises militaro-politiques survenues en Centrafrique n’ont pas été d’idoines alternatives au manque de conditions sociales du vivre ensemble ou d’amélioration du cadre de vie commune, mais plutôt ont exhumé les questions de frustrations, d’humiliations et d’exclusions enfouies dans nos subconscients individuels et collectif et ont fortement contribué à la néantisation du pays. La République Centrafricaine qui avait ployé sous les précédents régimes politiques, durant 639 mois (août 1960 – mars 2013), s’est littéralement écroulée durant les 303 jours (24 mars 2013- 10 janvier 2014) de gestion des pouvoirs de l’Etat par le régime sanguinaire de l’auto-proclamé Président NDJOTODIA et a sombré corps, âmes et biens des Centrafricains avec le régime hyper sanguinaire du déclaré élu Président TOUADERA, si bien que la résurgence socio-politique s’avère plus qu’un sacerdoce, parce qu’il est et sera question de faire revenir à la vie un grabataire dans le comma, pour ne pas parler de ressusciter un mort.
Relever politiquement la République, la refonder socialement, la construire économiquement, se veulent d’impératifs et difficiles défis, mais non impossibles, au regard des problématiques qui nécessitent résilience collective et sacrificielle, consistant à trouver d’idoines réponses aux quelques fondamentales questions ci-après:

*-: Quel modèle de société et quelle forme de régime politique s’imposent après le vécu socio-politique centrafricain très peu glorieux, caractérisé par des gâchis politiques?

*-: Comment désormais organiser les délégations et la gestion des pouvoirs du Peuple Centrafricain?

*-: Comment organiser les redistributions des pouvoirs politiques, sociaux et économiques pour une effective symbiose nationale, la construction du pays et à terme une prospérité future partagée?

Quels sont ou seront les ressources indispensables disponibles?


Les réponses à ces quelques questions fondamentales seront désormais fonction du sérieux politique, de la volonté, de la détermination, du réalisme et du pragmatisme des Centrafricains, qui doivent savoir être conséquents, ambitieux, audacieux, parce qu’il est question de gérer leur destinée commune après des dérives, des échecs induits par des manipulations qui les ont rendus nains politiques et économiques. Maintenant et désormais, les Centrafricains, collectivement, doivent oser un audace politique et se faire l’obligation (1) de remettre de l’ordre à tous les niveaux, (2) d’instaurer un nouvel ordre constitutionnel et démocratique fondé sur les valeurs traditionnelles positives et les droits humains, parce que le pluralisme de façade pratiqué de longues dates, caractérisé par l’organisation des élections présidentielles et législatives, souvent arrangées, ne suffit pas à faire la symbiose nationale, ni à faire la démocratie qui s’entend par un cadre de référence dans lequel les règles du jeu sont bien définies et agencées, lesquelles règles doivent être scrupuleusement observées et appliquées.

Et qui dit démocratie, dit organisation de la société à la base, par moyens de redistribution des pouvoirs, des compétences, en tenant compte des spécificités, des potentialités régionales et locales et des intérêts de proximité partagés.. Cette vision démocratique, inspirée par les valeurs et lois de la nature enseignées depuis la nuit des temps par la MAÂT, de laquelle sont tirées les philosophies UBUNTU et MANDEN ou MANDE, ne sera pas un luxe, mais une nécessité politico-socio-économique, donc, une démocratie transformationnelle, par laquelle le Peuple Centrafricain doit se relever politiquement, se refonder socialement et se construire économiquement. Pour corroborer cette vision de la démocratie transformationnelle, ,nous évoquons la pensée de HOCINE AÏT AHMED ainsi formulée:
«  »……..

  • On ne négocie pas avec son peuple, on satisfait ses revendications légitimes;
  • On ne fait pas du chantage à son peuple, on lui doit respect;
  • On ne ment pas à son peuple, on lui doit la vérité et la transparence
  • On ne méprise pas son peuple, on l’écoute
    Le peuple est la seule source du pouvoir

    «  »……….

Ainsi, nous appréhendons tout le bien-fondé de la démocratie transformationnelle, comme moyen de corriger les inconséquences de notre histoire socio-politique très peu glorieuse, parce que tous les régimes politiques qui se sont succédé à Bangui, n’ont pas gouverné le Peuple Centrafricain dans le respect et la crainte de DIEU, mais dans la terreur pour servir d’autres intérêts que ceux de ce peuple, en le maintenant politicienne ment dans l’ignorance, la méconnaissance et l’alphabétisme.

Avec toutes nos considérations

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